Tandem sèche/nymphe et pêche à deux nymphes

En tandem sèche/nymphe ou à deux nymphes, la pêche à plusieurs mouches n’est pas une nouveauté. Il y a toutefois quelques principes à comprendre pour bien les mettre en pratique.

Les chapeaux à plumes et les inconditionnels de la pêche en sèche pure « Dry Fly Only » m’en voudront peut-être mais ce que j’aime dans la pêche à la mouche c’est varier les plaisirs ! Si pour certains seule la pêche en sèche est noble, je considère qu’il n’y a pas de mauvaise technique et qu’il est même dommage de ne pas s’intéresser aux possibilités qu’offrent la pêche à la mouche. Après tout le principe de la pêche c’est quand même de prendre des poissons.

Truite avant gobage
« Une belle de la Dordogne se lève pour gober… » Merci Matthias pour cette belle photo

Préambule : dans les grandes lignes, la pêche à plusieurs mouches consiste à utiliser un bas de ligne avec une ou plusieurs potence(s) au bout de la ou desquelles une mouche est nouée. En France la réglementation autorise jusqu’à trois mouches maximum en eau douce mais dans d’autres pays comme l’Irlande il est possible de pêcher à quatre mouches voir plus (attention aux règlements spécifiques sur certains parcours). L’intérêt est bien de multiplier les chances de prise en proposant différents modèles ou en jouant sur des présentations différentes, des animations et sur les profondeurs de pêche.

Tandem sèche/nymphe :

Cette technique est toute indiquée lorsqu’il s’agit de comprendre comment s’alimentent les poissons. L’absence de gobage n’est pas toujours synonyme de pêche exclusivement en nymphe et pouvoir utiliser une sèche en plus d’une nymphe c’est parfois provoquer des gobages inattendus. Dans d’autres cas, la sèche sert d’indicateur lorsqu’un poisson prend la nymphe, la touche et signalée par l’immersion de la mouche. Cette technique est plaine de subtilité mais il faut veiller à utiliser des mouches sèches plutôt visibles et dont la flottaison supporte le poids d’une nymphes sans couler.

tandems-seche-nymphes
Trois déclinaisons de la fameuse mouche « Tabanas » en taille 16, 14 et 12. Trois nymphes de type « Pheasant tail » en taille 18, 16 et 14. Il est important de bien choisir la taille de la sèche en fonction du poids des nymphes utilisées.

Aussi appelée « pêche au pompon » ou « pêche au bouchon », cette technique se prête aussi bien pour les pêches de postes marqués que pour prospecter des zones assez homogènes. Il faut essayer de réaliser des posés en cloche pour que la nymphe s’immerge le plus rapidement possible et atteigne la bonne profondeur en prenant contact avec la mouche sèche. La nymphe peut avoir un effet positif sur la dérive de la mouche sèche en ralentissant sa dérive. Les poissons postés dans les courants y sont très réceptifs.

seche-nymphe1

La distance qui sépare la mouche sèche de la nymphe doit être adaptée en fonction de la profondeur et de la vitesse du courant (en générale de 50 cm à 90 cm). Un pointe trop courte risque de ne pas permettre à la nymphe de passer à la profondeur d’alimentation des poissons. Une pointe trop longue peut engendrer une mauvaise détection des touches et peut engendrer des accrochages si la nymphe plonge trop profondément.

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Le but étant de prendre les poissons sans trop perdre de mouches, il ne faut pas hésiter à moduler la distance entre la sèche en la nymphe en fonction des postes.

postes
En bleu les zones à prospecter en tandem sèche/nymphe, en orange une zone rapide qui peut être prospecter à une ou plusieurs nymphes.

Cette technique permet de mettre de la distance entre les poissons et le pêcheur. C’est un excellent moyen de séduire des poissons qui fuient à la vue du moindre bout de scion… Les pêcheurs néo-zélandais utilisent souvent cette technique pour prendre de grosses truites positionnées entre deux eaux dans les courants. Pour moi le tandem sèche/nymphe demeure l’une des techniques de prospection les plus efficaces et polyvalentes. Dans un torrent comme sur une rivière large, je n’hésite pas à la mettre en pratique pour affiner ma stratégie de pêche.

truite-dordogne

Côté matériel, cette technique peut se pratiquer facilement avec des cannes de pêche à la mouche typées « rivière » de 7′ à 10′ pour soie n°3 à n°6 selon les lieux de pêche et la taille des poissons. L’Helios 2 10′ soie 3 a ma préférence pour les rivières moyennes et pour les périodes d’étiage. Une soie synthétique DT ou WF convient très bien. Les spécialistes pourront utiliser des soies naturelles pour les pêches estivales par étiage.

Pêche à deux nymphes :

Cette technique a plusieurs applications et peut aussi bien servir dans des courants de faible profondeur que dans des fosses. Le choix des nymphes se fait en fonction de la vitesse du courant et de la profondeur mais l’avantage c’est de pouvoir faire descendre très rapidement une petite nymphe grâce à une seconde plus lestée et montée sur la pointe ou sur la potence du bas de ligne.

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Voilà un exemple d’association avec une petite nymphe perdigone en taille 18 et un nymphe en taille 12 lestée d’une bille en tungstène de 3,5 mm.

Deux nymphes c’est aussi deux chances !

2 truites prises en même temps avec un tandem de nymphes.
Souvenir d’un doublé de truites fario prises dans un courant vif sur le Tarn.

Tout comme pour la pêche en tandem sèche/nymphe, cette technique permet de profiter de deux mouches différentes pour séduire les poissons qui parfois ne mordent que sur de nymphes de petites tailles présentées en profondeur. Il est important de varier le poids de la nymphe la plus lourde en fonction des postes pour bien immerger la seconde mouche et atteindre la bonne profondeur sans trop s’accrocher (je dis « sans trop » parce que perdre quelques nymphes de temps en temps est un risque à prendre pour séduire certains poissons).

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Les ombres se postent régulièrement dans les courants profonds. Celui-ci était posté juste en arrière d’une cassure et n’a pas hésité à prendre une nymphe très lestée montée en pointe du bas de ligne.

La mise en pratique de cette technique s’approche beaucoup de la pêche en nymphe sous la canne ou au fil (style français ou style espagnol). Il faut veiller à adapter la longueur de la pointe du bas de ligne en fonction de la hauteur d’eau en faisant en sorte que l’indicateur de touche (pompon, fil fluo ou pâte fluo) reste sur l’eau ou au dessus de l’eau.

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Sur les postes peu profonds, il est possible de pêcher en plaquant le bas de ligne et en suivant la dérive de l’indicateur à la surface. Au moindre arrêt ou décalage de l’indicateur, il faut ferrer !

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Dans les courants rapides et profonds, la meilleure manière de pêcher à deux nymphes est de lancer très en amont de soi les mouches en gardant la canne haute et en récupérant la bannière de manière à prendre contact avec celles-ci durant leur immersion. Lorsque les nymphes atteignent la bonne profondeur, on peut ressentir des vibrations dans le scion ce qui indique que la plus lourde des nymphes rebondit sur le fond. La ligne dérive moins vite que les bulles à la surface de l’eau (c’est un bon indicateur). Il est utile d’animer légèrement lors de la dérive pour que la nymphe en potence soit en mouvement. Lorsque la ligne arrive en aval de soi, il faut bien l’accompagnée en se tenant prêt à ferrer avant de relancer. C’est souvent lors de la remontée des nymphes que les touches surviennent.

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Exemple de grand courant : on distingue la zone puissante en rouge où il st nécessaire de pêcher avec des nymphes très lourdes. La zone calme en jaune se pêche avec des nymphes plus légères et les animations sont vivement recommandées pour déclencher les attaques.

Je privilégie des cannes assez longues (10′) pour bien gérer les dérives et avoir une allonge confortable. Un modèle 10′ soie 5 sera très bien pour les rivières larges et puissantes, une 10′ soie 4 s’avère très polyvalente et conviendra à la plupart des rivières. J’utilise depuis quelques mois une Recon 10′ soie 3 pour les cours d’eau de taille moyenne en utilisant des nymphes de toutes tailles et des pointes fines. Ce modèle est très adapté à la pêche à plusieurs nymphes et même en sèche nymphe.

Mes astuces :

Bas de ligne : j’opte toujours pour des bas de ligne polyvalent de 9′ à 12′ que je modifie légèrement en ajoutant un fil fluo de 0,20 mm de diamètre au bout duquel je réalise une boucle. Les bas de ligne Orvis Superstrong + en 3X ou 4X sont adaptés. Pour les pointes et les potences j’utilise le fil nylon Supertstrong Plus en 6x, 7x et 8x.

Pour monter les bas de ligne de pêche à plusieurs mouche je n’hésite pas à utiliser le nœud en « 8 » pour les potences ou de petits anneaux (tippet rings ou micro rings).

J’espère que cet article vous aura permis de comprendre les principes de ces deux techniques de prospection. A vous de jouer et je vous invite à remettre à l’eau les poissons que vous aurez pris pour les retrouver lors de vos prochaines sorties !

Florian

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5 thoughts on “Tandem sèche/nymphe et pêche à deux nymphes

  1. Merci pour cette article. Très clair.
    Pêches tu avec la soie dans les anneaux?
    Personnellement j’ai 4.5m de 18 centième ensuite une microloop avec fil blanc en 16 centième et micoloop pour ma pointe. L’inconvénient c’est le passage nymphe sèche.

    Il me reste quelques cannettes si tu repasses au bord de l’Ance

    Bien à toi

    1. Bonjour Johan et merci pour ton commentaire !
      A courte distance, la soie sort très peu des anneaux mais s’il faut aller chercher un poisson à distance, mon bas de ligne dégressif me permet de lancer une sèche à une dizaine de mètres avec précision. Avec juste du monofilament de 0,18 c’est bien plus compliqué puisque seul le poids de la nymphe entraîne le bas de ligne. Impossible de lancer une sèche toute seule avec ce genre de bas de ligne. Par contre avec un tandem sèche/nymphe cela peut fonctionner, certains compétiteurs pêchent de cette manière avec succès… question d’habitude et de choix technique. En dehors des grandes rivière où lorsqu’il faut pêcher 100% en nymphe, il est très facile de n’utiliser que du fil de 0,18 mm en guise de bas de ligne. Cela améliore la qualité des dérives mais si les poissons gobent, il faut tout changer alors qu’avec le système que j’utilise, je ne change que la pointe ou la mouche.
      Au plaisir de te recroiser au bord de l’eau et de partager un verre après la pêche !
      Florian

  2. bonjour,

    Pour le cas ou effectue le montage de la sèche potence, faut il conserver la potence qui va vers le haut (vers le talon du bdl) ou qui va vers le bas (vers la pointe) pour fixer sa sèche.
    Merci

    1. Bonjour, il faut conserver le morceau de fil qui se dirige vers le bas. Cela reste la solution la plus résistante.

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