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Test de l’Helios 3F 10’6 soie 3

Après six années de recherche et de développement, c’est une Orvis Helios 3F 10’6 soie 3 qui a fait son apparition au printemps 2018. Ayant déjà noté une évolution très intéressante entre l’Helios 2 10’ soie 3 et la Recon 10’ soie 3 pour pratiquer différentes techniques de pêche en nymphe, j’espérais de cette H3F « made in USA » un niveau technique encore plus élevé, je ne suis pas déçu !

Un peu d’histoire :

En juillet 2017, Thibault et moi-même étions aux Etats-Unis pour rencontrer plusieurs membres de l’équipe Orvis dont les concepteurs produits de la gamme pêche. Nous étions ravis de rencontrer et pouvoir échanger avec l’emblématique Shawn Combs (directeur du département Recherche et Développement d’Orvis). Ce temps de travail avec Shawn et son équipe était une bonne opportunité pour nous de présenter, entre autres, certaines spécificités techniques que recherchent les pêcheurs français et européens pour pratiquer les techniques de pêche en nymphe modernes.

Forts des plébiscites consécutifs de l’Helios 2.0 – 10′ soie 3, véritable référence en terme de polyvalence pour les pêches en nymphe, sèche ou encore sèche/nymphe, puis de la Recon 10’ soie 3, ultra spécifique à la pêche en nymphe moderne. Nos amis américains avaient en tête de créer une canne sans compromis, aux performances dépassant toutes les attentes, alliant technicité optimale et polyvalence. Shawn nous a donc présenté une canne de 11’ soie 3 qui, à la prise en main, semblait déjà incroyable mais méritait cependant encore quelques améliorations notamment au niveau de la position des anneaux, afin de diminuer l’effet de « ventre » entre le premier anneau de stripping et la poignée, puis au niveau de la longueur de canne, qui nécessitait d’être légèrement diminuée pour davantage d’équilibre et polyvalence.

Nous avons aussi eu le plaisir d’échanger avec Jesse Haller, concepteur produit chez Orvis et compétiteur de classe internationale, bien au fait des problématiques de conception d’une canne de haute performance. Tout en tenant compte de nos remarques, l’équipe Orvis a collaboré avec un autre compétiteur célèbre nommé George Daniels, auteur des ouvrages  « Dynamic Nymphing » et « Nymph Fishing ». Passant près de 280 jours/an dans les rivières à truite, George est un expert incontestable des techniques modernes de pêche à la mouche. L’Helios 3F 10’6 soie 3 est bel et bien le fruit d’un travail fastidieux et d’une collaboration étroite avec des pêcheurs très exigeants.

Même si pour la plupart des pêcheurs à la mouche certains « effets de modes » liés au monde de la compétition passent inaperçus, je me confronte régulièrement à des pêcheurs chevronnés dont l’équipement ne laisse rien au hasard. En championnat de France 1ère division comme en championnat international c’est dans les détails que se cache la réussite. Etre au top techniquement ne suffit pas, il faut que tout s’accorde parfaitement pour réussir à prendre parfois un seul poisson de plus que les autres, mais c’est ainsi que l’on peut gagner un championnat. Il faut dire que la concurrence est rude ! De nombreuses marques proposent des cannes de 10’ à 11’ pour soie n°2 à n°4 dont les caractéristiques techniques répondent aux attentes des compétiteurs et des pêcheurs passionnés par les techniques fines. L’Helios 3F 10’6 soie 3 vient justement bousculer l’ordre établi.

Carl est un jeune compétiteur qui évolue en 2ème division du championnat de France de pêche à la mouche. Il a pu tester avec succès la H3F 10’6 soie 3 !

Tous les pêcheurs à la mouche n’ont pas pour vocation de faire de la compétition mais il faut admettre que ceux qui pratiquent les techniques modernes de pêche en nymphe en loisir sont de plus en plus nombreux. Le matériel a énormément évolué en moins de 10 ans et la notion de plaisir demeure très présente puisque les cannes s’affinent pour plus de confort mais aussi plus de sensations lors des combats. Le travail du carbone est une véritable science dont les ingénieurs les plus pointus connaissent de mieux en mieux les secrets. Chez Orvis, l’équipe de Shawn a durement travaillé sur chaque modèle Helios 3 afin d’ajuster les actions des cannes en fonctions des utilisations pour lesquelles elles sont destinées.

L’Helios 3 est livrée avec un tube en aluminium fabriqué aux Etats-Unis décoré des couleurs de la gamme H3. Une housse en tissu permet de ranger les éléments de manière ordonnée.

Dans les détails :

Cette canne de 10’6 (3,20 m) pour 98 g est montée avec un porte moulinet inversé (made in USA) et un talon de combat ce qui lui confère un très bon équilibre pour un minimum de fatigue en action de pêche. La poignée demi-cigare modifiée est légèrement évasée à son extrémité avant afin d’améliorer le positionnement du pouce et le confort d’utilisation. Le blank mat de couleur gris évite les reflets parasites et les anneaux serpentiformes indéformables Recoil ultra légers offrent une excellente glisse. Des points d’alignement sont également présent au niveau des emmanchements pour un ajustement parfait.

L’équilibre de cette canne est parfait !

Même si d’un point de vue purement techniques ces petits détails n’ont à mes yeux aucune importance, l’absence d’un accroche mouche et l’esthétisme résolument très moderne de cette canne peuvent surprendre certains pêcheurs. De mon point de vue, un accroche mouche c’est effectivement utile mais il y a des alternatives. J’utilise soit un petit élastique juste au-dessus de la poignée ou la base du premier anneau de stripping. En ce qui concerne le design de cette Helios 3, je comprends les choix de l’équipe Orvis qui hisse la pêche à la mouche au rang de sport au même titre que le VTT ou le ski par exemple. Le marquage blanc à la base de la canne ne m’a pas empêché de prendre de nombreux poissons même à vue. Il faut dire que si un poisson parvient à distinguer 15 cm de blank blanc, il y a de bonnes chances pour qu’il distingue aussi la main du pêcheur juste en dessous et le moulinet…

La précision à chaque instant :

La caractéristique n°1 revendiquée par Orvis pour l’Helios 3 c’est la précision. Dès les premiers lancers j’ai constaté que cette canne était un peu plus rapide que la Recon 10’ soie 3 et vraiment très précise. Grâce à la conception du blank, les vibrations sont extrêmement réduites. Très spontanément, j’ai réussi à poser mes mouches où je le souhaitais et de manière très naturelle. Il m’est arrivé d’utiliser des cannes très haut de gamme d’autres marques sans ressentir cette même facilité. On dit qu’une bonne canne permet au pêcheur de se concentrer sur la pêche plutôt que sur ses lancers, je vous assure qu’avec cette canne Helios 3F je manque très rarement ma cible ce qui est un atout majeur.

Une polyvalence rare dans cette catégorie :

Le « F » de « Finesse » prend tout son sens avec cette canne dont l’action m’a immédiatement séduit. Sans moulinet ni soie, j’avais déjà de très bonnes sensations. J’utilise avec cette canne un moulinet Hydros SL 2 ou un moulinet semi-automatique de marque française.

Avec une soie n°3 de type DT ou WF, l’Helios 3F 10’6 soie 3 est très agréable pour lancer à courte et moyenne distance (jusqu’à une quinzaine de mètres) et montre toutes ses qualités de lanceuse de précision. Habituellement, les cannes « typées » nymphes sont un peu trop souples pour bien guider une dizaine de mètres de soie et c’est précisément ce que je reproche à de nombreuses cannes dites « spéciale nymphe ». J’admets qu’une très bonne canne pour pêcher en nymphe puisse ne pas être exceptionnelle en sèche. Toutefois un pêcheur qui s’offre une canne très haut de gamme n’est-il pas en droit d’espérer utiliser une même canne pour la nymphe et pour la sèche ? A ce jeu-là, Orvis a mis au point une action parfaitement équilibrée et d’une efficacité rare pour lancer de petites nymphes avec un bas de ligne espagnol comme déposer une sèche sous un arbre avec une soie n°3 et un bas de ligne dégressif.

J’ai pu utiliser cette canne avec quasiment toutes les mouches que j’utilise pour mes sorties en rivière, du petit voilier sur hameçons n°20 à la nymphe très lestée de plus d’un gramme montée sur hameçon n°10. Cette canne lance tout ! Je n’ai pas essayé de streamer, mais oui, j’ai cédé une fois au squirmy wormy pour voir et là encore cette H3 fait le job…

A une ou deux nymphes, la sensibilité du scion est très agréable pour réaliser des animations lors des dérives et ressentir la moindre touche.

En sèche, avec un bas de ligne dégressif, c’est une canne très agréable pour pêcher en eau rapide mais elle est aussi très performante pour les pêches délicates et fines sur les lisses.

En tandem sèche/nymphe, avec un bas de ligne espagnol ou un bas de ligne dégressif, cette Helios 3 est fabuleuse.

Même pour la pêche en noyée, la H3F 10’6 soie 3 a de belles aptitudes, sa longueur permet de bien gérer les dérives et de relancer facilement en rouler.

Une tenue de poisson irréprochable :

Cette canne est souple mais pas molle ! Ce qui signifie que la réaction au ferrage est très efficace et sécurisante. Avec une pointe en 0,10 mm les risques de casse sont très réduits et les poissons parfaitement tenus. Ombre ou truite, je ne décroche quasiment jamais avec cette canne, que ce soit des poissons de 20 cm ou de 50 ! J’ai même réussi à mettre à l’épuisette un doublé de truites en compétition (23 et 24 cm) le tout sur du 0,10 mm. Je n’ai pas encore pris de truite de 60 cm avec cette canne mais vu quelques belles photos circuler aux Etats-Unis de truite arc-en-ciel de plus de 50 cm prises avec la H3 ce qui indique que la réserve de puissance est assez grande pour combattre efficacement ce genre de poisson. Je pense que pour la pêche des ombres en grande rivière c’est une canne redoutable.

En pratique :

L’un des meilleurs exemples qui peut illustrer cette polyvalence technique correspond à une situation rencontrée lors de la première manche de la finale du championnat de France de pêche à la mouche en rivière 1ère division. J’avais 4h pour pêcher un parcours de plus de 800 m sur la Têt qui à cet endroit présente un lit jalonné de blocs avec de nombreux courants. Sur un parcours aussi riche en postes, j’ai opté pour une pêche en nymphe « à l’espagnole » avec une soie naturelle n°2, un bas de ligne de 5 m en nylon 0,18 mm un indicateur en fil fluo et en dessous une pointe en 0,10 mm. Au bout d’une demi-heure j’avais sept truites « maillées » (en compétition : 20 cm minimum). Au fil de ma progression j’alternais pêche à une ou deux nymphes jusqu’à ce que la rivière change de profil. J’ai donc rapidement changé de moulinet pour passer une soie WF3 et un bas de ligne plus polyvalent pour exploiter d’avantage des postes en berge avec un tandem sèche/nymphe sans m’interdire de repasser sur la nymphe pure quand les postes s’y prêtaient.

Cette option s’est révélée très payante puisqu’en gagnant en dynamisme au niveau des lancers à l’aide du bas de ligne je posais mes mouches très précisément et les touches s’enchaînaient. Arrivé au niveau d’une fosse traversée par un courant assez puissant mon arbitre me dit « ici tu dois en mettre au moins 5 sur ta feuille ! ». Je n’en espérais pas moins mais il fallait rester très concentré pour pêcher méthodiquement ce magnifique coup qui nécessitait de pêcher à 2 nymphes en variant les poids en fonction des profondeurs et des vitesses de courant. Les truites étaient très actives sous l’eau et les touches ne se sont pas faites attendre très longtemps. En quelques lancers j’avais les 5 truites espérées à l’épuisette dont un doublé !

Soudain des truites se sont alors mises à gober de l’autre côté de la fosse le long d’une berge ombragée. Je ne pouvais pas traverser, la fosse était assez profonde et des branchages limitaient ma fenêtre de lancer. Je change ma pointe en conservant mon bas de ligne de 12’ et opte pour un sedge en CDC taille 16 pour solliciter ces poissons gobeurs. C’est à ce moment précis que j’ai pu vraiment pousser l’Helios 3F dans l’un de ses retranchements. Avec très peu de dégagement arrière je parviens à lancer ma mouche sèche dans le courant qui longe la berge où les truites gobent. J’accompagne la dérive de la mouche en réalisant un mending pour éviter le dragage et voilà qu’une première truite gobe ma sèche. Bingo ! Deux autres truites succomberont à mon sedge brun ce qui me faisait passer à 8 truites au compteur en ayant pêché en nymphe et en sèche avec la même canne.

A la fin des 4 heures de pêche je suis sorti de l’eau avec 30 poissons au compteur (toutes remises à l’eau, je précise pour les non compétiteurs). Ce parcours était finalement assez varié, plutôt physique en raison des nombreux blocs et du débit soutenu de la rivière. Je n’ai perdu que 2 truites qui aurait pu être comptabilisées ce qui est finalement assez peu. Au-delà de ce score, c’est bien le plaisir de pêche qui m’a animé lors de cette manche qui nécessité beaucoup de concentration et de dextérité. La canne ne fait pas tout mais à aucun moment je me suis senti limité par ses performances.

Pour conclure :

Avec l’Helios 3F 10’6 soie 3, ORVIS met la barre très haut dans le domaine des cannes de pêche en nymphe moderne. Mis à part son allure qui peut ne pas plaire à tout le monde, l’action de cette canne est simplement inédite. Je n’avais jamais pêché avec une canne de cette catégorie aussi aboutie pour couvrir les besoins d’un spécialiste des techniques fines pour pêcher en rivière moyenne et large. Cette canne représente un investissement et il est vrai qu’il vaut mieux avoir un bon niveau de pratique pour apprécier toutes ses qualités. Si son look vous plait et que vous cherchez une canne de haute voltige pour vos sorties de pêche en loisir ou pour performer en compétition, l’Helios 3F 10’6 soie 3 a toutes les qualités d’une grande championne.

A bientôt !

Florian

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