Je suis parti fin octobre en compagnie de deux potes de pêche, Marc et Sylvain, dans le nord de l’Allemagne avec pour idée de traquer les brochets de la Baltique. Il nous a fallu quelques jours pour prospecter et comprendre le comportement de ces brochets pélagiques…
Nous avions repéré une belle cassure le long d’un plateau d’à peine 1 m 20 de profondeur. Cet après-midi là et malgré des conditions pas très favorables à la pêche du brochet (pas de vent, ciel bleu et températures chaudes pour la saison…), c’est équipé de ma canne Orvis Recon 9′ soie de 10 que je m’en vais rechercher le seigneur de ces eaux. J’ai choisi de pêcher avec une mouche aux couleurs naturelles, une imitation perche de +/-20 cm montée par Marc.
Alors que ma mouche remontait le tombant et arrivait sur le plateau, j’ai ressenti un stop aussi brutal que lourd. Par réflexe j’ai ferré en exerçant une bonne tirée sur la soie et me suis retrouvé la seconde suivante dans un vrai combat de boxe ! L’animal au bout de ma ligne cherchait à se dégager de la mouche en ouvrant grand la gueule, enchaînant les coups de tête de droite à gauche. L’eau jusqu’à présent si calme et plate, est devenue bouillonnante. Pas de doute, c’est le gros poisson que je recherchais ! Dans les premiers instants du combat, j’arrivais à ramener ce monstre jusqu’à mon canoé sans trop de mal. Mais dès qu’il a aperçu mon embarcation et réalisé qu’il était pris au piège, il s’est lancé dans un premier rush puissant. Malgré un vent de face et un contre-courant, le brochet parvenait à me tracter alors que j’étais sur mon canoë, de la folie ! Mon adversaire n’était fait que de muscle et me le montrait bien.
J’avais déjà mal au bras au premier rush… il y à eu un deuxième tout aussi lourd ! Heureusement mon moulinet Hydros SL était bien réglé avec un frein progressif et puissant. Jamais je n’avais ressenti cela auparavant avec un poisson d’eau douce (quoi que saumâtre ici…). La tension était énorme aussi bien dans ma soie qu’au plus profond de moi-même ! Après pas moins de 8 minutes de combat je parvins à faire échouer ce montre dans l’épuisette de Sylvain. Nous sommes retournés sur le platier pour pouvoir prendre quelques clichés et mesurer ce poisson roi avant de le relâcher.
Bilan, 114 cm et plus de 10 kg de muscles. Je suis resté hébété plusieurs dizaines de minutes après ce combat dantesque. Depuis il n’y a pas une nuit ou je n’ai pas les images du combats en tête. Vivement l’année prochaine, le record là-bas est de 138 cm….cela me laisse de la marge pour continuer de rêver !
Adrien de Villeneuve